Choisir le réel
Ce site est consacré à la limérence. Vous trouverez ici tout ce que vous devez
savoir sur cet état mental.
De la limérence à la stabilité intérieur
La limérence qu'est ce que c'est?
La limérence est une forme d’amour non réciproque, impossible, qui tourne à l’obsession. C’est une tendance à “tomber amoureux” de personnes qui résonnent en vous de façon particulière, presque viscérale, avec une intensité extrême et souvent très douloureuse.
Elle est définie comme un « état mental » ayant des symptômes pathologiques. Lorsque vous êtes en état de limérence, vous êtes en addiction chronique envers cet homme ou cette femme qui est l’objet de votre limérence (que je nommerai partout sur ce site « LO », cela vient de « Limerence Object » en anglais). Vous avez des pensées intrusives, donc involontaires à propos de cette personne en permanence, vous l’idéalisez et vous n’arrivez pas à vous concentrer sur le moment présent.
Le déluge d’émotions intenses que ce type de relation vous inflige est au-delà de l’acceptable. Vous passez par des hauts très très hauts, de l’euphorie, de la joie … au désespoir le plus total quand votre LO ne manifeste pas d’intérêt envers vous. Il est facile d’y laisser votre identité et de s’y dissoudre complètement en perdant toute rationalité. C’est une passion qui a été trop loin, une addiction dont vous n’auriez jamais dû être prisonnier.
La limérence détruit des années de vie amoureuse, détruit des amitiés, elle peut même vous emmener dans les tréfonds d’une spiritualité malsaine et s’étendre jusqu’à freiner votre activité professionnelle. En effet, elle provoque une intensité générale des sentiments qui met tout le reste en arrière-plan. Il est urgent, qu’une fois identifiée, vous entrepreniez un travail de guérison. Cela commence par comprendre ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas.
Vous trouverez sur ce site (et sur mon blog), les différents aspects de cet état mental, son origine, et dans quelles conditions elle peut se développer.
Les 8 symptomes majeurs de la limérence
Besoin de réciprocité
Le premier symptome est le besoin viscéral de réciprocité. Mais, malgré tous vos efforts pour paraître à votre meilleur avantage, vous recevez un « non » exprimé ou subgéré de la part de votre LO.
Pensées intrusives
C’est pour moi le pilier central de la limérence et sans doute son symptôme le plus douloureux et envahissant. Vous passez des heures par jour à penser à cette personne. J’ai l’habitude de dire que l’on pense à elle sans y penser.
Pas dans le présent
C’est la direct conséquence des ruminations involontaires. Comme vous pensez tout le temps à ce qui « aurait du être » et « à ce qui devrait être » avec votre LO, vous êtes tout le temps dans le passé ou le futur, mais vous n’êtes pas (souvent) ancré dans le présent.
Besoin de fusion
Votre besoin de fusion est intense. Vous avez un besoin « d’absolu » en amour, de vibrer à l’unisson dans une totale dissolution en l’autre personne. Cela vient généralement de blessures/traumatismes non guéris.
Dépendance de l'humeur
Votre humeur est complètement dépendante des actions de votre LO. Un signe de réciprocité et vous êtes sur un nuage. Au contraire, un signe de non-réciprocité et vous ressentez de l’insécurité.
Une limérence exclusive
Incapacité à éprouver de la limérence pour plus d’une personne à la fois (les exceptions surviennent seulement lorsque la limérence est à son niveau le plus bas, soit au début, soit lors de son déclin).
Capacité à extrapoler
Sensibilité extrème à tout geste ou regard du ou de la LO qui pourrait être interprété positivement, ainsi que la capacité à inventer des explications pour justifier pourquoi un geste apparemment neutre de l’autre peut en réalité cacher une passion secrète.
Accentuer le positif
Capacité remarquable à accentuer ce qui est réellement admirable chez le ou la LO et à éviter de se concentrer sur les aspects négatifs,
voire à répondre à ces aspects négatifs avec compassion et à les transformer en une autre qualité positive.
Dernières réflexions sur le blog

L'origine du concept de limérence
La personne à l’origine de ce concept s’appelle Dorothy Tennov, une américaine et psychologue, qui en 1979 a publié un essai intitulé « Love and Limerence : The Experience of Being in Love », afin de décrire un concept qu’elle a étudié durant une dizaine d’années.
Lors de sa recherche, elle a interviewé plus de 500 personnes au sujet de la manière dont elles vivaient les relations amoureuses. Elle a remarqué qu’un petit pourcentage de personnes, vivaient les relations trop intensément, allant jusqu’à provoquer une obsession, une rumination constante au sujet de l’être aimé, trouvant sa source dans un besoin absolu de fusion. Elle a ainsi relevé des caractéristiques, des symptômes communs à toutes ces personnes et les a expliqués dans ce livre.
Elle définit la limérence comme un état interpersonnel involontaire qui implique des pensées intrusives, obsessionnelles et compulsives, des sentiments, et des comportements soumis à la réciprocité émotionnelle perçue chez l’être désiré (LO), ainsi qu’une propension à des comportements irrationnelles.
Si le concept est devenu populaire dans la littérature de bien-être et les ouvrages de développement personnel américains, il ne s’est pas vraiment imposé dans la littérature scientifique. Malgré tout, nombre de personnes se sont identifiées à son étude. Des ouvrages édités à partir des années 2000 ont rendu la limérence populaire aux Etats-unis. A l’heure actuelle, la communauté anglophone de la limérence compte 66 000 membres sur le forum de discussion de Reddit.
Un concept méconnu ou ignoré dans les pays francophones
Cet état si intense émotionnellement de vivre l’amour et qui peut bouleverser une vie entière, beaucoup de francophones ignorent son existence. Pour cause, la limérence est un phénomène quasi inconnu en Belgique, France, Suisse et autres pays francophones. Il est absent du vocabulaire psychologique courant. Il n’apparaît ni dans les livres de psychologie classiques, ni dans les formations thérapeutiques standard. Ainsi, vous pouvez faire une vingtaine de séances chez un ou une psychologue et repartir toujours avec ce sentiment de ne pas avoir mis le doigt sur votre problème.
La limérence dans les pays francophones est confondue avec la dépendance affective, ou on la réduit à une simple fixation romantique, alors qu’elle obéit à une mécanique bien particulière, avec ses propres déclencheurs, symptômes, et conséquences. Cette absence de reconnaissance a un prix : des milliers de personnes vivent la limérence sans comprendre ce qui leur arrive. Reconnaître la limérence, c’est déjà commencer à guérir. Il est temps que les pays francophones se saisissent de ce concept, car on ne peut pas guérir ce qu’on ne nomme pas.
Il y a une autre problématique qui rend le concept hermétique à être assimilé dans les pays francophones, il s’agit de sa dénomination contre intuitive en langue française. Le mot « limérence » n’a pas d’origine étymologique. Le Dr Tenov a appelé ce concept comme cela car « ce mot est facile à prononcer et qu’il colle bien au concept ». Sur la page anglophone de Wikipedia, on peut lire que cela est peut-être une altération du mot « amorance » en anglais (sentiment de réciprocité amoureuse), sans autre étymologie.
Quelles sont les causes de la limérence?
Disons-le clairement : oui, la limérence peut avoir une composante génétique. J’y reviendrai plus en détail dans un article dédié sur le blog. En résumé, certains gènes transmis par vos parents peuvent vous prédisposer à vivre la limérence, c’est-à-dire à ressentir des états obsessionnels, des hauts et des bas émotionnels intenses en lien avec une personne.
Mais attention : avoir une prédisposition ne signifie pas qu’on y est condamné.
D’autres facteurs, bien plus décisifs, entrent en jeu et nourrissent la limérence jusqu’à la rendre envahissante. La génétique à elle seule ne suffit pas à expliquer son apparition. La limérence repose sur quatre fondations internes fragiles, qu’il est possible de renforcer pour s’en libérer :
• Des besoins émotionnels/affectifs fondamentaux restés insatisfaits jusqu’à maintenant,
• Une image de soi altérée ou limitante,
• Des croyances profondes rigides ou négatives,
• Et des blessures émotionnelles/traumatiques anciennes non résolues.
Ces axes s’inspirent de nombreuses recherches, notamment celles d’auteurs anglo-saxons spécialisés dans la limérence, dont les travaux m’ont profondément aidé à structurer mon propre parcours de guérison. En résumé, c’est la combinaison de cette vulnérabilité génétique avec ces quatre fragilités psychiques qui déclenche et entretient la limérence.
De l'émerveillement à la dépendance total : les étapes de la limérence
Dans cette section, nous allons explorer les différentes étapes de la limérence, depuis l’émerveillement initial jusqu’à la dépendance totale. Bien sûr, chaque parcours est unique et présente ses nuances — le mien en particulier, sur lequel je reviendrai dans d’autres articles du blog — mais, de manière générale, le processus suit cette trajectoire.

La flèche de cupidon
J’ai choisi d’appeler cette première phase la flèche de Cupidon, car elle reflète parfaitement ce moment d’émerveillement soudain lorsque vous croisez, pour la première fois, le regard de cette personne. C’est un instant où naît en vous un besoin presque irrépressible de fusion. Vous pouvez même y projeter une dimension spirituelle : « C’est mon âme sœur. »
Ce déclencheur peut être une beauté physique, une simple conversation, le timbre de sa voix, une attitude corporelle, une gentillesse inattendue… ou encore un minuscule détail, comme la façon dont cette personne sourit.
Quoi qu’il en soit, quelque chose en vous s’allume : une joie profonde, une euphorie intense, une forme de ravissement proche du coup de foudre. Très vite, un désir puissant de rapprochement vous envahit, accompagné d’une impression de légèreté, presque irréelle. Vous commencez à vous détacher du réel et à flotter dans une bulle : la limérence vient de s’installer.
La lune de miel
Cette phase, aussi intense qu’éphémère, peut durer de quelques jours à quelques mois tout au plus. C’est à ce moment que l’idéalisation prend racine, et elle sera entretenue durablement par le limérent, même longtemps après que la phase se soit dissipée.
Parfois, cette période est marquée par une certaine réciprocité : un flirt, une connexion, voire même le début d’une relation. De véritables moments d’intimité peuvent émerger, et chacun de ces instants agit comme un « shot » émotionnel, déclenchant en vous une euphorie comparable aux effets d’une drogue stimulante.
À ce stade, le limérent est totalement captivé. Il cherche à plaire coûte que coûte, à se rendre désirable, parfois même en imitant les traits de caractère de l’autre ou en adoptant ses goûts. Tout est bon pour conserver l’accès à cette source d’enivrement, à cette personne qui devient à la fois obsession, échappatoire et « dose » quotidienne.


La phase de cristallisation
À ce stade, la personne occupe presque toutes vos pensées. Vous commencez peut-être à prendre conscience que quelque chose ne tourne pas rond, que cette intensité émotionnelle dépasse les bornes d’un simple attachement amoureux.
Très souvent, c’est précisément à ce moment-là que la personne désirée met fin à la relation — si relation il y avait. À ses yeux, tomber amoureux aussi vite, avec une telle intensité, paraît démesuré, voire inquiétant. Il est alors perçu comme légitime, voire sain, de prendre ses distances.
Vous entrez alors dans un véritable ascenseur émotionnel : des sommets d’euphorie lorsque vous croyez percevoir un signe de réciprocité, suivis de chutes vertigineuses dès qu’un doute ou une absence surgit. C’est ici que certains comportements deviennent irrationnels : consulter obsessionnellement les réseaux sociaux de votre LO, traîner dans les lieux où il ou elle pourrait se trouver, espérant une rencontre « fortuite ».
La magie de la lune de miel s’est évanouie. Ne reste que le manque. Et comme une personne en manque de sa dose, votre cerveau cherche désespérément à recréer le lien. Faute de contact réel, il se replie sur ce qu’il peut contrôler : les fantasmes, les pensées imaginaires, qui deviennent bientôt intrusives, répétitives, involontaires.
La dépendance absolue
À ce stade, votre bonheur semble entièrement suspendu à vos pensées obsessionnelles, qui tournent en boucle autour de votre LO. Vous vous réfugiez dans un monde mental où s’entremêlent regrets et fantasmes : ce qui aurait dû être, ce qui pourrait encore advenir. Le présent vous échappe. La concentration devient difficile, l’ancrage dans la réalité aussi, au point que votre vie professionnelle ou vos responsabilités quotidiennes peuvent en souffrir.
Plusieurs scénarios sont possibles à ce moment-là : vous choisissez peut-être de rester « ami » avec votre LO, dans l’espoir inconscient (ou très conscient) d’un éventuel retour. Si votre LO est votre collègue, vous envisagez de changer de lieu de travail simplement pour fuir sa présence devenue trop douloureuse.
Sans processus de guérison, vous risquez de rester coincé dans cette phase pendant des années, voire toute votre vie. Une autre issue fréquente consiste à transférer la limérence sur une nouvelle personne, relançant le cycle … encore et encore.



Limérence et amour réciproque : quelle différence fondamentale ?
J’aurais pu intituler cette section « Comment la limérence diffère d’un amour sain ? », mais en y réfléchissant, il est plus juste de parler d’amour réciproque. Car oui, même si nous savons qu’un amour réciproque n’est pas toujours un amour sain, il offre tout de même un point de comparaison bien plus pertinent.
La différence entre limérence et amour réciproque se joue à plusieurs niveaux. Lorsque deux personnes se rencontrent, il peut naître une alchimie, une forme de réciprocité, un élan partagé. Mais il y a aussi, très souvent, une part d’espoir… et une dose d’incertitude. Et c’est justement dans cette incertitude que la limérence s’enracine et se développe. C’est son terreau. Tant que l’incertitude n’est pas levée, elle alimente l’obsession. Le limérent ou la limérente rêve de clarté, espère des réponses, mais même face à un non explicite, son esprit persiste à créer des scénarios de réciprocité. C’est là que naît une fracture : une dichotomie entre ses fantasmes et une réalité qui pourtant lui dit “non”.
L’amour réciproque, lui, s’inscrit dans la clarté et la présence réelle. Il repose sur des intentions explicites, sur des échanges sincères, sur la confiance. Il évolue dans un espace de stabilité, de dialogue, de croissance mutuelle. Il est, par essence, ancré dans le réel et guidé par l’engagement des deux partenaires.
Prenez tout cela à contre-pied, et vous obtenez la limérence : elle se nourrit de l’incertitude, crée de la dépendance, se vit seul dans l’imaginaire, engendre des comportements obsessionnels. Alors que l’amour réciproque est un amour stable, évolutif, paisible, la limérence se vie dans un état instable, cyclique, souvent douloureux puisqu’elle est basé sur le manque.
Bien sûr, il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet. Mais cette base permet déjà de mieux distinguer ces deux expériences de l’amour. Je développerai cela plus en profondeur dans un article sur le blog.
La limérence est-elle une maladie mentale ?
Pour répondre simplement : non, la limérence n’est pas une maladie mentale au sens clinique ou psychiatrique du terme. Elle n’est pas répertoriée dans les classifications officielles des troubles mentaux, et la plupart du temps elle affecte des personnes parfaitement saines d’esprit. Il est important de le dire clairement : vous pouvez souffrir de limérence tout en étant mentalement stable dans votre vie sociale, familiale ou professionnelle. La limérence n’est pas une pathologie, mais plutôt un mécanisme psychologique complexe, nourri par plusieurs dynamiques qui se chevauchent.
Même si elle n’est pas considérée comme un trouble en soi, la limérence présente de nombreuses similitudes avec certains troubles psychologiques bien connus, il s’agit de l’anxiété, la dépression et le trouble obsessionnel-compulsif (TOC). La majorité des personnes limérentes traversent des épisodes de souffrance intense : pleurs fréquents, perte de motivation, difficulté à ressentir du plaisir, sentiment de vide intérieur, de boule au ventre. L’anxiété est également très présente, car toute l’attention est focalisée sur la personne désirée. Chaque interaction est analysée et l’humeur en dent de scie dépend fortement des signes extérieurs que l’on ne contrôle pas.

L’anxiété et la dépression font partie intégrante de l’expérience limérente, mais ce sont des conséquences temporaires et réversibles. Elles ne signifient pas que vous êtes gravement atteint psychologiquement. Ce sont plutôt les symptômes désagréables d’un état de dépendance affective, dans une période où vous ne savez pas encore comment retrouver votre autonomie émotionnelle. Un autre lien essentiel à comprendre est celui qui unit la limérence au TOC. Ces deux réalités sont très proches dans leur fonctionnement. Le trouble obsessionnel-compulsif se caractérise par une incapacité à tolérer l’incertitude, ce qui génère des pensées récurrentes et anxiogènes (les obsessions), et pousse à adopter des comportements de contrôle ou de soulagement (les compulsions). De nombreuses personnes limérentes présentent cette même mécanique intérieure : l’incertitude vis-à-vis des intentions de la personne désirée ou cette impression de ne pas maîtriser le lien.
Si vous êtes sujet à la limérence, il est donc probable que vous soyez aussi plus sensible que la moyenne à des mécanismes similaires à ceux du TOC, voire que vous en présentiez certains traits de manière marquée. Ce sujet fera également l’objet d’un article à part entière sur le blog.

Pourquoi ai-je appelé mon site "Choisir le Réel"?
J’aurais pu opter pour un nom plus explicite, comme « Zéro limérence », ou même « Zérobsession » (à prononcer à l’anglaise). D’autant que le terme « limérence » reste encore largement méconnu en francophonie. « Choisir le Réel » s’est imposé à moi, comme une évidence, presque spontanément. Ce titre est né en écho à mon propre parcours de limérent, marqué par cette incroyable capacité que j’avais à projeter, fantasmer, idéaliser mes LO.
Choisir le réel, c’est faire appel à notre bon sens au cœur même de la tempête mentale que sont les pensées intrusives. C’est retrouver un ancrage dans ce qui est tangible, observable, vrai. C’est mobiliser notre lucidité pour voir les faits tels qu’ils sont, sans les filtres déformants de l’illusion.
Depuis l’adolescence, je suis un grand admirateur de la trilogie Matrix. Et à mes yeux, la limérence ressemble beaucoup à la fameuse pilule bleue : elle nous maintient dans une réalité fabriquée, façonnée par nos blessures passées. Elle superpose un monde illusoire à notre perception du réel. Comme Neo qui choisit la pilule rouge pour sortir de la Matrice et affronter la vérité, il nous appartient, à nous aussi, de choisir le réel. Cela signifie revenir à la présence, sortir des projections et des chimères mentales, pour vivre enfin libérer de la limérence.